Jean Baptiste est tombé lors d’une cyclo. Il est à l’hôpital, bassin et clavicule cassés. Immobilisé, pour l’instant, il ne peut pas être transféré.
Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.
Beau texte de Jean Baptiste au sujet de sa chute :
« Ni l’être humain, ni le monde ne sont absurdes, ce sont les relations qui existent entre eux qui le sont… » Allongé sur un brancard au service radiologie de l’hôpital de Nogent le Rotrou, le regard perdu vers ce faux-plafond blanc qu’agrémente en quinconce des carrés de néons crachant cette lumière si universellement rejetée, c’est avec cette petite pensée d’inspiration camusienne que mon esprit se perd en ce dimanche 15 mai vers midi. Absurde de se voir impuissant sous la prise en charge des pompiers, alors qu’à peine quelques minutes plus tôt, j’étais à mon affaire, totalement concentré sur mon positionnement à l’avant du peloton afin d’aborder dans de bonnes conditions les belles bosses du Perche au programme de l’épreuve cyclosportive « La Blé d’Or ».3 images : la première, celle de 2 concurrents qui se touchent devant moi en les faisant sensiblement dévier de leur trajectoire ; la seconde, celle de ma roue avant qui percute celle arrière d’un de ces 2 coureurs ; et enfin la dernière, celle de ma pauvre carcasse allongée sur la chaussée visage tourné vers l’arrière du peloton et apercevant le jeu de quilles de chair et de carbone en train de s’y jouer…2 sensations : la première, celle que ces 3 images si chronologiquement rapprochées défient la conscience humaine autour de sa capacité à en absorber ne serait-ce qu’une de plus sur une durée aussi ridicule. La deuxième, celle de sentir son corps entièrement sous les dents d’une mâchoire puissamment serrée. La mâchoire de la douleur qui pendant de longues minutes ne vous lâche pas jusqu’à vous laisser percevoir les limites du supportable. Sous les gestes délicats des sauveteurs, elle décide néanmoins de vous libérer de ses crocs et d’aller voir ailleurs afin d’y trouver quelque nouvelle misère humaine à mordre… Clavicule, côtes, bassin : tout est fracturé sur mon côté droit mais par chance, aucune intervention chirurgicale à devoir affronter. Je suis sorti de l’hôpital aujourd’hui mais il va me falloir pendant de longues semaines ménager mon flanc droit. Ma fibre étant particulièrement discrète depuis cet endroit-là, cela devrait être un moindre mal !